Marathon Beneva de Québec | Le récit de mon 10 km qui a pris une dimension... différente - La Folle qui court
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Marathon Beneva de Québec | Le récit de mon 10 km qui a pris une dimension… différente

Le 1er octobre dernier, j’ai couru la distance 10 km lors du marathon Beneva de Québec présenté par Montellier. C’était ma 7e année à titre d’ambassadrice Je Cours Qc, un rôle que j’adore camper. Faire la promotion de la course à pied à travers une si belle orgnisation… c’est un OUI inévitable. Je choisis toujours de courir lors de la fin de semaine du Marathon pour toute l’ambiance qui y est reliée. Quand on goûte à un événement signé Je Cours Qc, on y revient toujours.

Je me présentais donc à cette épreuve quelques jours après mon annonce à la radio. Quelle annonce ? J’ai pris l’importante décision de quitter l’émission matinale, après plus de 10 années où, tous les jours de la semaine, mon cadran était réglé à 3 heures du matin. Grossomodo, la dernière année m’aura fait revoir mes priorités. La santé, mentale et physique, arrivant au top de celles-ci, je me suis rendue à l’évidence que si je voulais l’entretenir, il était impératif que je puisse bénéficier de nuits de sommeil « digne de ce nom ». Par cette décision déchirante, je me suis choisie. Et j’en suis fière. Donc inutile de mentionner que la course de 10 km du Marathon Beneva de Québec arrivait au terme de ce cheminement qui durait depuis plusieurs mois déjà.

J’étais très fatiguée. Non. J’étais complètement épuisée.

Mes attentes étaient donc… nulles. Et j’avais encore en tête l’édition de l’année précédente… je l’avais tellement trouvé difficile !

Aucune attente puisque je n’avais pas bougé depuis des lunes. À vrai dire, je n’avais pas enfilé mes espadrilles depuis la mi-août. Je n’avais tellement pas d’énergie que j’ai préféré la conserver au maximum en évitant toute dépense superflue. L’entraînement était devenu « superflu »… te dire au point où j’en étais.

Bon. Revenons à la journée de la course.

Je me lève aux alentours de 5 h du matin. C’est un début de journée brumeux, mais je sais qu’un dégagement est prévu en matinée. Le temps de déjeuner, de m’assurer que j’ai tout ce dont j’ai besoin et de faire mon Xe pipi de stress, j’embarque dans ma voiture. Sur la route, je décide de faire jouer ma playlist de course à pied en réalisant que ça faisait un méchant bail que je ne l’avais pas écoutée. Mais l’effet est toujours au rendez-vous : la musique qui résonne dans mes oreilles me motive et me met dans un état d’esprit que je n‘avais pas vécu depuis un loooooong moment. Ça me fait tellement de bien !

Henri IV est l’autoroute que j’emprunte pour me rendre sur les lieux de l’événement.  Si tu connais cet itinéraire et que tu l’as déjà emprunté en matinée, direction sud, cette voie routière se transforme en première loge pour assister au lever du soleil. Un soleil qui, justement, m’explose littéralement dans le visage (permet-moi l’expression) à travers le brouillard qui est en train de se disperser. Le spectacle est à couper le souffle.

C’était tellement beau! Tellement beau que je me suis mise à pleurer. Pleurer, là !  

En mode rationnel, tu me diras que j’avais un surplus d’émotions avec la semaine que je venais de passer. C’est certain que j’étais fatiguée, mais mon côté spirituel me pousse à te dire que j’ai l’impression que je n’ai pas vécu cette scène pour rien. Comme quoi le beau temps ne manque jamais de revenir après un épisode de brouillard. Un beau et puissant parallèle avec ce que je vivais.

Je ne cacherai pas que j’ai ressenti une grande tristesse à la suite de mon annonce. En parallèle à mon sentiment de libération et de fierté dans le fait de m’être choisie, je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir de la peine. Vivement ma psy qui m’a fait réaliser que c’est normal de se sentir ainsi. Il n’y a rien de facile dans le fait de prendre une telle décision. C’est faux de croire qu’après avoir fait un choix aussi important, tout se règle comme par magie. Le cheminement se poursuit, oui, pour le mieux, mais il y a des moments et des étapes plus difficiles que d’autres.

Tout ça pour dire que… cette journée débutait d’une manière inespérée. Une journée qui, sans le savoir, devenait, en quelque sorte, le point de départ de ma nouvelle vie. Une nouvelle vie où j’allais prendre soin de moi, où j’allais davantage me mettre à l’agenda, notamment par l’activité physique.

Je te transporte jusqu’à mon départ. Après le coup d’envoi, je débute mon parcours de 10 km vers le centre Vidéotron. Je m’étais fait la promesse de ne pas me pousser. Mon objectif était de rester confortable du début à la fin. Avec le stress et la fatigue vécus dans les mois précédents, je n’avais aucune envie d’en ajouter une couche. Toutefois, je me connais assez pour savoir que j’ai tout de même besoin d’un certain inconfort pour ne pas m’ennuyer. Mais il était hors de question que je sois à bout de souffle.

C’est après environ 2 km que j’ai atteint ma vitesse de croisière. La nature a fait en sorte que je me suis retrouvée aux côtés d’une belle jeune coureuse. Une belle jeune femme d’environ 20-25 ans, gros max. Plus je la voyais courir, plus je trouvais qu’elle avait une belle allure et une cadence qui ressemblait pas mal à la mienne. Je me suis dit : Tiens, je vais je vais me coller à elle le temps de quelques kilomètres. J’ignore combien de temps ça va durer, mais c’est la beauté de la chose… on ne sait jamais.

À l’œil, je me doute bien que cette jeune femme n’est pas une habituée des événements de course. Je sais pas… je me trompe peut-être, mais on dirait que je l’ai senti. On s’échange quelques contacts visuels pendant que nous courons côte-à-côte. J’ai même osé lui faire petit signe du pouce après plus de la moitié du parcours. Ça me permet de réaliser que nous ne nous sommes pas lâchées depuis le début. C’est la première fois que je le vis sur une si longue durée. Ça me plait ! Et plus le temps passe, plus je me dis que, quoi qu’il arrive d’ici la fin de la course, je vais faire en sorte de pouvoir lui reparler à la ligne d’arrivée. Je veux la remercier. Elle ne le sait pas, mais elle me motive à garder le cap et c’est précieux, ça.

Parlant de précieux, avant de poursuivre mon récit, je dois absolument prendre ces quelques lignes pour vous dire un IMMENSE MERCI pour vos nombreux encouragements. Comment dire… vos voix raisonnent encore dans ma tête ! Je pense que je vous entendais crier mon nom 4 à 5 fois par kilomètre. Je sais que ce ne sont pas toutes les personnes qui peuvent bénéficier d’une aussi belle et grande source de motivation. Je suis privilégiée !

Après plus de la moitié du parcours coude-à-coude, naturellement, nous nous sommes mise à prendre de la distance l’une et l’autre. Mais jusqu’à la ligne d’arrivée, je la savais toutefois non loin de moi, à me talonner.

Anecdote un peu dégueu : jusqu’au dernier kilomètre, j’ai été fidèle à la promesse que je me suis faite au départ, c’est-à-dire, m’assurer de me sentir confortable et en contrôle. Mais j’ignore pour quelle raison, à moins de 1000 mètres de la fin, j’ai été envahie par une chaleur soudaine. Une chaleur qui ne présage jamais rien de bon et qui vient souvent avec un mal de cœur. Et bin voilà. Et plus je me rapprochais de l’arche d’arrivée, plus mon mal de cœur s’intensifiait. Comble du malaise, je me suis même mise à saliver… t’sais comme quand tu es sur le point de vomir ? Ouin. Mais là… je te remets en contexte : pendant que je tente tant bien que mal de gérer mon malaise (genre que j’aurais pu dégobiller d’une seconde à l’autre), je suis à quelques dizaines de mètres de terminer la course, la foule s’intensifie, les encouragements aussi et comble de tout, l’animatrice sur place s’écrit : « Voici notre ambassadrice Joannie Fortin ! » EUH NON ! Il n’était tout simplement pas question que je me donne en spectacle de cette façon. Oublie ça ! J’ai trop d’orgueil. Alors inutile de te dire que je me suis mentalement parlé comme rarement dans ma vie. Ahahaha ! Ça n’aurait pas été si grave, me diras-tu, mais j’avais juste pas envie de gérer ça. J’ai donc pu passer sous l’arche finale, les bras dans les airs, comme à mon habitude, sans tracas, ni vomit. Les secondes qui suivirent m’ont permis de reprendre mes esprits et stabiliser mon état. Une bonne affaire de réglée !

Je défile donc dans le graaaaand corridor de fin de course pour recevoir ma médaille et mon lunch d’après-course pendant me permettant de reprendre mes esprits et réguler ma température corporelle. C’est alors que je sens une main me tapoter l’épaule. C’est elle. La belle jeune coureuse avec qui j’ai partagé plus de la moitié de ma course. Sans hésiter, je lui dis à quel point je suis heureuse de la voir et combien j’ai apprécié sa présence durant mon parcours. Je la remercie grandement. Elle enchaîne et me dit : « Dis-moi, est-ce que tu es une personne connue ? Tout le monde criait ton nom sur le parcours ». Je ne perds pas de temps pour lui répondre que, effectivement, je suis animatrice sur les ondes de WKND 91,9 et blablabla…

Elle jette un coup d’œil au prénom sur mon dossard, elle relève la tête, ses beaux grands yeux s’écarquillent, elle met ses mains devant sa bouche et elle me lance : « T’es Joannie ?! T’es Joannie !? On vient de courir ensemble !? Je t’ai écouté toute ma vie ! ».

Et c’est la que j’ai réalisé l’impact que nous avons à la radio…

Metton que c’est vrai. Mettons qu’elle a l’impression de m’avoir « toute sa vie » et qu’elle soit âgée de 20-22 ans maximum… Ça veut dire qu’il y a 10 ans, elle avait 12 ans et elle écoutait WKND dans la voiture avec ses parents. Mettons. Ça m’a rendue super émue.

J’en ai profité pour lui dire à quel point elle était magnifique et à quel point elle devait être fière d’elle pour sa course. Nos chemins se sont par la suite séparés.

Cette jeune femme a été le highlight de mon événement de course à pied. J’ai tellement été marquée par cette rencontre que je me suis promise d’en parler le lendemain à la radio. J’ai même été en mesure de la retracer sur Sports Stats, le site qui chronomètre et comptabilise la plupart des temps de course des coureurs.

Après avoir raconté cette histoire en ondes et en identifiant très clairement la jeune femme, j’avais, dans le fond de moi, espoir qu’on puisse me revenir et me donner davantage de détails sur cette Mathilde… quel ne fut pas ma surprise de recevoir un courriel de sa part et un second de celui son papa qui était visiblement très très ému d’avoir entendu parler de sa fille à la radio. Elle poursuit ses actuellement ses études au HEC et cette course de 10 km était un grand accomplissement pour elle. Elle s’est beaucoup entraînée pour atteindre cet objectif. Quant à Mathilde, elle m’a confié que qu’elle venait tout juste de célébrer ses 20 ans. Elle a commencé à écouter WKND alors qu’elle n’avait que 10 ans. Mon calcul était bon. Elle m’a pratiquement écouté « toute sa vie ». J’en reviens juste pas.

Plutôt curieux que cette jeune femme soit arrivée quelques jours après que j’aie fait l’annonce que je quittais l’émission de radio matinale dans laquelle j’ai mis mon cœur et mon âme pendant plus de 10 ans… Chère Mathilde, non seulement tu m’as aidé à apprécier davantage ma course, mais ma rencontre avec toi vient en quelque sorte concrétiser l’évolution de mon parcours radio depuis toute ces années.

Je te dis MERCI.

Joannie Fortin
[email protected]

La folle c’est moi. Une vraie de vraie ! Intense, créative, émotive, avec une belle naïveté… mais tellement attachante ! Ma plus grande qualité ? La folie ! Pourquoi je cours ? Pour être moins Folle ! Je cours pour me trouver belle. Je cours pour prendre du temps pour moi. Je cours dans l’idée de canaliser mon trop plein de tout.