16 Mai Ma première course.
Avant cette journée, je m’étais toujours demandé l’intérêt de participer à une course officielle puisque je m’en étais toujours bien sortie en m’entraînant par moi-même : j’avais mon programme de course sur l’application Nike Run Club, ma playlist me motivait et j’augmentais mes résultats. Pourquoi payer pour une course ? Une médaille ? Inutile.
J’ai tout de même accepté de participer à une course caritative en septembre 2015. Mon collègue en était le président d’honneur et m’avait incité à venir courir en me rappelant que c’était pour les enfants malades. Ouverture de la parenthèse. Une cause, c’est l’équivalent pour moi d’un « pas game ». Impossible d’y résister. Fermeture de la parenthèse.
Le matin de la course, je me présente sur place, sans trop savoir quoi faire. J’ai mes runnings, mes shorts et mon t-shirt. Rapidement, on m’installe mon dossard ainsi que ma puce et on me dit que mon départ sera donné dans 5 minutes… Pas dernière minute pentoute, la fille ! J’me retrouve donc en plein milieu de la masse à plusieurs plusieurs mètres de la ligne de départ.
Au loin je vois les coureurs « élites », prêts à ouvrir la course. Ils ont des shapes d’athlètes. Des muscles de cuisse définis comme un cheval. C’est certain qu’ils courent comme des machines. Tout près de moi, deux jeunes hommes, visiblement amis, se tapent dans la main en guise d’encouragement. Je les envie d’avoir l’air aussi excités et heureux de courir. Et que dire du outfit de cette fille à ma droite qui s’agence à merveille de la tête aux pieds. Grande queue de cheval pour compléter le tout. Elle était franchement très belle. Et y’a moi.
Pour être honnête, je ne suis pas très à l’aise d’être entourée d’autant d’inconnus en lycra. La dernière fois, j’avais 15 ans et c’était lors d’une compétition de patinage artistique. Je suis nerveuse. Avant de paniquer, j’ajuste mes écouteurs et ma musique. Inspire. Expire. Je suis dans ma bulle. Tout va si vite ! GO ! Le départ est donné. Hein, déjà ?!
Ok, Jo. Tu écoutes ta musique, tu restes concentrée. Tout va bien aller. Après quelques foulées, je me fais dépasser. Merde ! J’veux pas me faire dépasser. Oh ! À mon tour : je dépasse 2-3 coureurs. Yeah ! Je ne suis pas si mal que ça, finalement. 100 mètres plus loin, je me fais encore dépasser. Zut ! Je suis donc bien lente, coudonc. Crotte ! Je rattrappe un groupe. Yes ! OK, JOOOOOOOO !!!! Là, ça fait ! Tu cours pour une bonne cause. Arrête de trop penser. Ça sert à rien de se comparer. Focus et cours. C’est toute !
Vous dire à quel point il peut s’en passer des choses dans ma petite cervelle.
Les foulées s’emboîtent. Je prends enfin plaisir à courir. En quelques centaines de mètres, je finis par atteindre une vitesse de croisière que je me sens capable de garder constante… jusqu’aux derniers 500 mètres. Pu capable. J’ai les jambes lourdes. Ma respiration est bruyante. Je râle comme un asthmatique fumeur depuis 40 ans. Bref, je commence à trouver ça moins l’fun.
« Let’s go, Joannie ! ».
HEIN ?! J’ai surement mal compris. « Go, Joannie, go ! ». Ça doit être pour une autre coureuse qui porte le même nom que moi. « T’es capable, Joannie ! ». Bin voyons ! Tous les regards sont effectivement rivés vers moi, plus je m’approche de la ligne d’arrivée. Sérieux ?! Vous criez tous pour moi ?! Je ne comprends pas pourquoi, mais c’est donc bien malade ! Bonjour l’énergie ! Je passe le fil d’arrivée comme une championne ! J’ai réussi !
Je ne manque pas non plus de chercher mon souffle pendant au moins 8 minutes et demi. Un détail.
Aussi bizarre que ça puisse paraître, je suis anormalement fière ! Pas mal fière, même. Moi, la fille qui levait le nez sur ce genre d’événement, je porte très fièrement ma médaille au cou pour montrer à tous les autres coureurs que, moi aussi, j’ai terminé la course. Je fais partie de la gang !
Décidément, il faut le vivre une fois pour comprendre toute la fébrilité et l’ambiance qui entoure un événement de course à pied. Ce que je retiens de cette première expérience ? Ne JAMAIS sous-estimer la puissance d’une foule qui crie ton nom pour t’encourager. Ça fait des miracles. Je me suis d’ailleurs longuement questionnée à savoir pourquoi toute la foule me connaissait. La réponse m’est parvenue rendue chez moi en enlevant mon dossard… les prénoms des coureurs sont inscrits dessus.
La Folle.