Deuil périnatal : je te raconte l'histoire de ma fausse couche - La Folle qui court
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Deuil périnatal : je te raconte l’histoire de ma fausse couche

C’est en novembre 2020 que mon chum m’est arrivé avec le projet de fonder une famille. Un moment dont je me rappellerai toute ma vie puisque le sujet est arrivé comme un cheveu sur la soupe. Nous venions de terminer une séance de musculation dans notre salon. Pendant que nous sirotions notre traditionnel rhum & coke post-entraînement, il me dit : veux-tu des enfants ?

Boom ! Comment ne pas être surprise quand le sujet arrive ainsi, sans entrée en matière, ni discussion antérieure qui aurait pu me laisser croire que ça s’en venait ?! Ahahah ! Ça change une soirée du mercredi, disons. Mais honnêtement, est-ce que j’étais surprise du sujet abordé ? Pas du tout. À l’aube de mes 35 ans et après 5 ans de vie commune avec mon amoureux, je me doutais très bien que la discussion arriverait tôt ou tard. Je laissais donc aller les choses puisque je savais que ce serait lui qui aborderait le sujet en premier…

T’inquiète, je t’entends me questionner : Joannie, à 35 ans tu n’as jamais eu d’appel de la nature ? Ton horloge biologique n’a jamais sonné ? La maternité, ça ne te parle pas ? La réponse est tout simplement non. Je n’ai jamais eu ce fameux appel de la nature. Ni appel, ni alarme. Pas même de message sur ma boîte vocale, ni un texto pour me dire coucou, ici la vie. C’est l’heure de devenir une maman.

C’est donc principalement pour cette raison que je n’avais jamais senti le besoin d’aborder le sujet avec mon chum. Soyons clairs : je n’avais pas dit non à la maternité, mais il n’était pas question pour moi de mettre au monde un enfant à tout prix. Si je le faisais, c’était en équipe. Avec un partenaire que je considère merveilleux pour camper le rôle du père de mes enfants. Christian était cet homme.

Nous avons jasé toute la soirée. Il y a eu des émotions, de beaux échanges, mais surtout un consensus rapide sur l’idée de se lancer dans cette belle aventure.

Résultat : 3 mois plus tard, mon test de grossesse était positif.

Ça s’est fait rapidement, me diras-tu. Peut-être un peu trop, oui. Je m’étais fait dire qu’avec la pilule, ça pouvait prendre plusieurs mois avant que mon corps reprenne un cycle naturel et j’avais aussi entendu autour de moi plusieurs histoires de couples pour qui le processus avait été très long. Honnêtement, je ne m’attendais pas à tomber enceinte aussi rapidement. Même que ma réaction première fut : pas déjà !? Si quelqu’un m’avait posé la question “comment te sens-tu?”, La réponse aurait été mitigée. Je n’étais pas heureuse. Je n’étais pas malheureuse. Je ne savais juste pas quoi faire.

Pour tout dire, j’étais littéralement paniquée. Sans repère. Et il a fallu que mon chum me ressaisisse afin que j’agisse au lieu de trop penser (comme je le fais beaucoup trop souvent). J’ai donc pris rendez-vous chez Prenato, une clinique spécialisée dans le dépistage et l’accompagnement prénatal. Alexandra, la plus que très sympathique infirmière avec qui j’ai discuté au téléphone m’a grandement rassurée. Elle m’a appris que j’étais à 6 semaines de grossesse (je ne savais pas comment faire le calcul) et a été super réconfortante. À l’issu de ce simple appel de prise de rendez-vous, je me sentais déjà tellement mieux. Ouf ! Savoir que j’allais avoir des réponses à mes questions et être éclairée sur ce sujet pour lequel je n’avais aucune, mais aucune connaissance, me soulageait énormément et m’apaisait mentalement. Je me sentais enfin entourée et encadrée dans tout ce processus.

Une aventure qui aura malheureusement été de courte durée. Une semaine après avoir appris ma grossesse, je perdais mon bébé.

Quelques pertes sanguines qui, au départ n’étaient que toutes petites, se sont intensifiées au cours des heures suivantes. Le lendemain matin, c’est un intense mal de ventre qui m’a réveillée et qui m’a fait comprendre, une fois rendue à la salle de bain, que c’était terminé.

C’est impressionnant la vitesse à laquelle j’ai perdu TOUS mes symptômes de grossesse. Tous. Mon immense mal de seins s’est arrêté d’une seconde à l’autre. Comme si on venait de “tirer la plug”, de littéralement me déconnecter. C’est fou, cette sensation. Et ce qui vient après n’est pas moins percutant.

Un sentiment de vide. Carrément. Un grand vide. Comme s’il n’y avait plus rien. C’est à ce moment précis que j’ai réalisé mon désir d’être maman, de vivre la maternité. Il y avait dorénavant un manque dans ma vie. J’avais cette sensation d’avoir carrément perdu une partie de moi. Rien de moins. Et ça me faisait feeler franchement tout croche.

Et mon chum ? Je crois que c’est lui qui a été le plus impacté dans toute cette histoire. Au-delà du même sentiment de vide que nous partagions, lui, il se sentait impuissant. En raison des restrictions en lien avec la covid, il n’a même pas pu m’accompagner à l’hôpital pour la suite des choses que tu liras plus bas. Il tentait de toute ses forces de me consoler, mais je sais qu’il était tout aussi dépourvu que moi. Le fait d’en discuter ouvertement nous a beaucoup aidés. Je dirais même que notre couple est ressorti grandit de cette épreuve.

Concevoir un enfant, ça se fait à deux, le perdre aussi.

***

J’ai tout de même décidé de me rendre chez Prenato, comme prévu. Je me suis dit que de pouvoir parler de ma situation avec une infirmière spécialisée dans le domaine ne pouvait pas me faire de tord. En effet, cette rencontre avec Alexandra m’a fait un bien énorme et m’a permis d’agir en prévention pour la grossesse que je vis actuellement.

Grossomo, elle m’a expliqué que lors d’un arrêt de grossesse ou encore s’il présence de saignements chez une femme Rh négatif (je suis O-), il est nécessaire d’avoir un vaccin : le Winrho. Ce vaccin permet d’éviter que la maman ne développe des anticorps qui pourraient entrainer des complications lors d’une grossesse future. Le Winrho est donc une injection d’anticorps qui va s’attaquer aux globules RH + pour éviter que la maman en développe. Les « faux » anticorps demeurent quelques jours dans le sang maternel alors que les anticorps qui auraient pu être créés par nous demeurent toute la vie. Ceci dit, lorsqu’une maman a développé des anticorps anti RH +, les risques de complications pour les prochaines grossesses sont plus élevés (ex : fausse couche, jaunisse sévère, etc).

Avec le recul, si ça n’avait pas été de ma rencontre avec Alexandra chez Prenato, je n’aurais sans doute jamais reçu cette pertinente information qui a changé tout le reste.

***

À l’heure où j’écris ces lignes, je suis à 27 semaines de grossesse. Oui, c’est une belle nouvelle. Mon chum et moi ne pouvons qu’être plus heureux. La deuxième fois aura été plus fructueuse que le première… jusqu’à maintenant. Croisons-nous les doigts pour la suite…

Oui, je reste insécure, même à plus de 6 mois de grossesse. J’ai peur. Je ne le cache pas. En fait, je suis terrifiée à l’idée de perdre mon bébé encore une fois. Même si tout le monde me dit bin non, elle est bien accrochée, cette fois, rien ne change. J’ai peur. J’y pense à tous les jours. Le deuil périnatal se vit à différents niveaux et intensités. Et je crois qu’on ne peut pas comprendre ce pénible sentiment tant qu’on ne l’a pas vécu. Chose certaine : il faut en parler.

Heureusement, je sais que je peux compter sur l’accueil, la compréhension et les connaissances des infirmières chez Prenato. Je les appelle, elles me répondent et je me sens rassurée. C’est tout ce que ça me prend.

Je considère être une personne qui a beaucoup de contrôle d’elle-même dans la vie. J’ai fait énormément de travail sur moi au cours des 15 dernières années. Je pensais sincèrement être à la hauteur d’une grossesse et des risques qui y sont liés. Je me trompais. Il n’y a rien de moins certain qu’une grossesse. Je vis actuellement la plus grosse épreuve de lâcher-prise de toute ma vie. Et je sais que ça ne fait que commencer…

D’où la pertinence d’avoir des spécialistes et des personnes de confiance sur qui compter quand on en a besoin…

Joannie Fortin
[email protected]

La folle c’est moi. Une vraie de vraie ! Intense, créative, émotive, avec une belle naïveté… mais tellement attachante ! Ma plus grande qualité ? La folie ! Pourquoi je cours ? Pour être moins Folle ! Je cours pour me trouver belle. Je cours pour prendre du temps pour moi. Je cours dans l’idée de canaliser mon trop plein de tout.