Mon accouchement, mon marathon. - La Folle qui court
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Mon accouchement, mon marathon.

À tous les ans, depuis que La Folle Qui Court existe, je me dis la même chose : tabarouette que j’ai eu une grosse année ! Il n’y a absolument rien de négatif dans cette phrase. Au contraire. Ces années à apprendre sur l’entrepreneuriat me stimulent et me font cheminer au plus haut point, dans les hauts, comme dans les bas. Cette dernière année n’y échappe pas.

Non seulement j’ai continué de grandir en tant que chef d’entreprise et coureuse, mais aussi et surtout en tant que femme. Une grossesse, ça change beaucoup les perspectives, disons ! Je m’en suis posé des questions, j’en ai eu des appréhensions, des doutes et des périodes de stress… t’as pas idée ! Assurément le plus gros lâcher-prise de ma vie. Et je sais que ça ne fait que commencer…

Ceci dit, j’ai toujours été et je resterai toujours une personne qui tient à être bien préparée pour quoi que ce soit. C’est comme ça. J’aime avoir un certain contrôle sur ce qui peut être contrôlé. Ça me rassure et ça me donne de la confiance.

Je n’ai absolument aucune, mais aucune idée du déroulement de mon accouchement. Oui, j’ai lu sur l’accouchement. Oui, j’ai écouté toutes sortes de récits, mais qui sait comment ça va se passer pour moi ?! Le jour J me le dira. D’ici là, j’ai le contrôle sur une chose : ma tête. Je sais que je suis capable de grandes choses grâce à ma tête et mon moral d’acier. Et je sais pertinemment que c’est l’élément qui fera toute la différence lors de mon accouchement. Raison pour laquelle j’entraîne ma tête depuis les premières semaines de ma grossesse.

J’ai effectivement été très active au cours des derniers mois. Physiquement, mais surtout mentalement. Je me suis beaucoup entraînée. Une immense préparation mentale. Digne de celle d’un marathon, j’dirais. Je me suis préparée… à accoucher. Oui, je vois mon accouchement comme un marathon. La grossesse est devenue mon entrainement. Le jour J, ce sera ma course. C’est comme ça que je l’entrevois.

Bah… je sais que de nombreuses personnes ne comprennent pas mon parallèle et me diraient sans doute que ce n’est aucunement comparable. Mais tu sais quoi ? Je m’en balance. Si ça me fait du bien de penser ainsi, ça dérange qui ? Moi, ça me rassure. C’est ça l’important. De toute façon, cette personne ne pratique sans doute pas la course à pied et ne lira certainement pas cet article. Voilà qui est dit.

J’ai commencé à penser au parallèle de la course à pied pour mon accouchement lorsque j’ai songé à accoucher de manière naturelle. Au début de ma grossesse, j’ai fait l’écoute d’une série de balados qui raconte des récits d’accouchements naturels. La plupart des femmes se préparaient mentalement à leur accouchement en faisant un parallèle avec un élément de leur vie qu’elles aiment. Par exemple, plusieurs d’entre elles pensaient à la mer. Chaque contraction devenait une vague par laquelle on devait se faire emporter et surfer. Ne pas la combattre. Une technique de visualisation qui permet de transformer la douleur en quelque chose de positif et ainsi mieux canaliser ses énergies.

Connaissant ma force mentale et ma capacité à me plonger dans une bulle, j’ai tout de suite adhéré au concept. Dans mon cas, pourquoi ce ne serait pas là course à pied ?

À partir de là, tout s’est enchaîné naturellement. Mon accouchement deviendrait mon marathon. Une contraction à la fois, tout comme chacun des kilomètres de ma course. Un kilomètre que je dois franchir coûte que coûte si je veux me rendre au prochain et ainsi franchir la ligne d’arrivée. Rien ne sert de voir trop loin, ce serait décourageant. Un kilomètre à la fois. Je reste concentrée et dans ma bulle. Certes, il y aura des moments plus douloureux que d’autres et je sais que, plus mon accouchement avancera, pire ce sera. Exactement comme à l’approche d’une montée. Plus la course progresse, plus les montées sont difficiles et douloureuses. Des montées que je franchis malgré tout en serrant les dents. Elles me font mal, mais ne me découragent pas pour autant. Je profiterai des descentes pour reprendre mon souffle.

Comme je l’ai toujours dit, le temps importe peu dans une course. C’est mon avis. Qu’elle soit plus rapide ou plus lente, tout le monde franchira la même ligne d’arrivée. J’imagine que c’est comparable avec un accouchement. Il y en a des plus longs, des plus courts. Le but est tout simplement de se rendre jusqu’au bout.

Et à un certain moment, malgré la fatigue, malgré tout ce que j’aurai enduré depuis la ligne de départ, je devrai donner tout ce qui me reste. Ce sera le temps de la fameuse poussée, mon dernier kilomètre. Me connaissant, j’aurai encore de l’énergie. Juste assez pour me rendre au fil d’arrivée comme je l’ai toujours fait : avec le sourire et les bras dans les airs. Bon. Je ne promets pas un photo-finish de la sorte, mais je l’espère, du moins… 😉

Ce fil d’arrivée… tant attendu. Celui où j’ai les larmes aux yeux, la gorge serrée. Celui où j’ai envie de me laisser tomber sur le sol tellement je suis épuisée, mais où la fierté me garde debout et droite, tellement elle m’énergise. Ce fil d’arrivée qui fera de moi, une marathonienne. Je deviendrai une maman.

***

Comme dans un évènement de course, je n’aurai pas le contrôle sur tout, je sais. Même si j’aimerais tellement pouvoir avoir ce contrôle. Et c’est ce que m’a appris la course à pied au cours des dernières années : accepter que ça ne se passera pas toujours comme prévu. Que la météo ne soit pas de mon côté. Que malgré tout le repos que j’ai accumulé, tous les entraînements que j’ai suivis à la lettre, mon corps ne soit pas au meilleur de sa forme au moment où j’aurai besoin qu’il le soit. Je me le répète sans cesse.

Même si l’épidurale ou la césarienne ne font pas partie de mes souhaits, je sais qu’il est possible que j’y ait recours. Aucun coureur n’est à l’abri d’un pépin qui pourrait changer le cours de sa course. Je devrai l’accepter et surtout ne pas le voir comme un échec. Me rappeler que ce changement de cap me mènera au même résultat : l’arrivée de ma petite Rosanna. Malgré tout, j’aurai atteint mon objectif : donner la vie.

Au moment d’écrire ces mots, Rosanna bouge beaucoup. J’imagine qu’elle sent que ça la concerne. Je me relis et je me trouve drôle d’écrire de la sorte… Je n’ai jamais fait de marathon. Je n’ai jamais accouché. Mais fouille-moi pourquoi, j’ai l’impression que ça se tient mon affaire… et ça me rassure. Ça me donne confiance. C’est tout ce qui importe.

L’année 2021 est sur le point de se terminer…une grosse année de préparation. Vivement l’année 2022 pour consommer le fruit de mes efforts auprès de ma petite Rosanna ! 

Joannie Fortin
[email protected]

La folle c’est moi. Une vraie de vraie ! Intense, créative, émotive, avec une belle naïveté… mais tellement attachante ! Ma plus grande qualité ? La folie ! Pourquoi je cours ? Pour être moins Folle ! Je cours pour me trouver belle. Je cours pour prendre du temps pour moi. Je cours dans l’idée de canaliser mon trop plein de tout.